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Comment bien se mettre dessus ?!
Voilà une belle question à laquelle je vais répondre de façon définitive, infaillible et universelle. Et bien, il suffit de… Je plaisante évidemment !

Il n’y a malheureusement pas de recette miracle toute faite pour réguler ses conflits de façon constructive et satisfaisante.

Grâce à mes 9 années de vie communautaire à l’Arche de Saint-Antoine (2012-2021) et à mes nombreuses formations et expériences de conflits avant et après cette aventure merveilleuse, je retiens tout de même un élément essentiel à garder en point de mire : avoir la croyance qu’il y existe une solution satisfaisante pour chacun.e, et même si elle est invisible pour le moment, qu’elle va se révéler si je la cherche avec les autres, surtout avec ceux et celles qui ne sont pas d’accord avec moi.

Avant d’intégrer l’Arche, je pensais que les conflits virulents, c’était « mal ». Qu’ils ne pouvaient se résoudre que de façon rationnelle, en argumentant et en con-vainquant les personnes qui n’avaient pas le même point de vue que moi. Par ailleurs, je me lamentais souvent sur mon côté girouette qui ne pouvait s’empêcher de donner raison à la dernière personne qui avait parlé. J’ai découvert que les conflits virulents sont le signe d’un lien fort entre les personnes, que la raison est complètement incapable dans ce domaine et que ma capacité à écouter et à me laisser transformer était une très grande force. Je retiendrai toujours cette phrase de Frédéric Rognon, philosophe et compagnon de l'Arche :

« Quand on échange, on change. »

Alors en pratique, comment fait-on ? Cent pour cent des conflits difficiles que j’ai rencontrés, m’ont renvoyés à des conflits intérieurs appartenant à mon histoire et à mes blessures mal soignées. Et même s’ils ont pu prendre des formes parfois violentes, je suis aujourd’hui certain qu’ils m’ont donné l’opportunité de me transformer en m’invitant à prendre soin de moi.

La vie communautaire fournit de nombreuses occasions de toucher ses blessures et de ré-ouvrir de nombreux traumas. Pour qu’une communauté humaine puisse perdurer, il est vital, pour elle, qu’elle fournisse à ses membres les moyens de prendre en charge personnellement et collectivement ces violences subits. Qu’elle fournisse un cadre sécurisant afin que les personnes puissent s’exprimer et se sentir accueillies. C’est ce que fait très généreusement l’Arche de Saint-Antoine qui en retire une belle vivacité depuis 1987.

Les espaces collectifs ouverts à Saint-Antoine pour accueillir les mal-êtres ou les difficultés sont très nombreux et très variés afin de répondre à un maximum de besoins.

Le plus visible et le plus accessible, pour moi, est le temps de partage.

C’est un temps de parole pour s’exprimer de façon authentique, souveraine, confidentielle où la personne est écoutée sans jugement et sans être interrompue. Je les vis comme des respirations, de l’oxygène qui irrigue la relation. Ces espaces sont très sécurisants, ils permettent de se découvrir et de découvrir l’autre dans son humanité profonde. Ils permettent aussi de conscientiser les souffrances vécues, de les reconnaître et d’ouvrir une voie vers l’empuissancement pour cheminer vers une guérison possible.

La mise en place est très facile, il suffit de déterminer un temps limite et de poser ces 4 règles : Parole en Je, Non-jugement de la personne, Confidentialité, et dire Stop en cas de dérangement. C’est applicable dans tout groupe humain et, au-delà de cet espace-temps limité, cela construit une culture de la relation d’une toute autre nature, basée sur l’accueil inconditionnelle de soi et des autres. Ce qui est remarquable, c’est que ce cadre est aussi utilisable en cas de conflits forts, car il garantit des dialogues et une écoute de qualité. En cas de désaccord profond et de tensions fortes, il est prudent de demander à un tiers de garantir le respect de ce cadre.

Évidemment, si ce cadre permet de désamorcer de nombreuses situations, il n’est pas non plus omnipotent. D’autres espaces peuvent se révéler nécessaires, comme l’accompagnement individuel thérapeutique, des temps de médiation individuel ou à deux (avec la Communication non-violente par exemple) et des temps de régulation de groupe avec un.e intervenant.e extérieur.e pour faire de l’analyse de la pratique, un cercle restauratif, du Processwork, ou appliquer bien d’autres outils encore.

L’essentiel est de disposer de moments où nous allons oser le conflit en vérité et de façon sécurisé, sans passage à l’acte physique évidemment.

S'il est essentiel, voire vital pour un groupe de disposer d’outils curatifs, il est aussi indispensable d’être vigilant à tout ce qui peut renforcer, enrichir et embellir les relations au quotidien. Les moments conviviaux et festifs, les temps de ressourcement et de repos régulier, de gratitude et de pardon, une vie spirituelle enracinée dans des pratiques individuelles ou collectives régulières. Autant d’éléments précieux pour entretenir des relations riches et diversifiées qui seront bien utiles pour ne pas réduire l’autre uniquement à ce qui me sépare, voire m’oppose à lui ou elle.

Aujourd’hui que je ne suis plus dans une vie communautaire intense, je continue à vivre tout cela en moi et avec mes proches au quotidien. 

Prendre soin de la relation, s’écouter, accueillir l’autre, oser être en désaccord, mettre de l’énergie pour trouver un accord satisfaisant, être en gratitude, cheminer vers le pardon…

Autant d’éléments qui me permettent d’avoir une vie intense, pleine et épanouie pour oser aller dans les conflits quand ils se présentent à moi, avec la foi qu’ils vont continuer à me faire grandir et faire grandir la relation à moi et avec l’autre.

Une de mes principales motivations à sortir de communauté en 2021 était de partager ces expériences, ces outils et cette foi à d’autres personnes et collectifs qui œuvrent pour un avenir souhaitable.

C’est ce que je fais aujourd’hui en tant que formateur et accompagnant au sein de mon activité A la Bonne’heur. Je suis heureux de voir que cette approche est appréciée et très utile pour les habitats partagés, les associations, ou les entreprises que je rencontre et que j'accompagne, parfois dans des moments difficiles.

J’organise aussi régulièrement les stages Chic un conflit ! et Chic un conflit intérieur ! pour les personnes et les professionnels qui souhaitent s'expérimenter à l’art de réguler leurs conflits en pratique.

Si vous souhaitez creuser la question ou si vous vivez un conflit difficile en ce moment, en couple, en famille, au travail ou dans un groupe, je serai heureux d'échanger avec vous et partager mon expérience..

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